samedi 19 décembre 2009


LES GANTIERS PARFUMEURS
(D'après un article paru en 1867)

« A Paris, dit Savary, les maîtres gantiers parfumeurs forment une communauté considérable » ; il faut ajouter : et ancienne, car leurs premiers statuts remontaient au règne de Philippe-Auguste, à 1190. Ces statuts furent rajeunis en mai 1656.
Paris était la ville, non seulement de France, mais d'Europe, où il se fabriquait le plus de gants. Après Paris venaient Vendôme, Grenoble, Avignon, Blois ; Montpellier et Grasse, qui arrivaient ensuite, en produisaient beaucoup moins. Une grande partie de ces gants, surtout des gants en peau, se consommaient dans le royaume. Le reste était emporté dans les pays du Nord. Les contrées méridionales, loin d'être un marché pour nous, faisaient concurrence à notre commerce, l'Espagne en particulier.
Au dix-septième siècle, un proverbe populaire disait qu'un gant, pour être bien fait, devait être tanné et préparé en Espagne, taillé en France et cousu en Angleterre. Mais au dix-huitième siècle les ouvriers français faisaient mentir le proverbe, et nos gants étaient préférés sous tous rapports.
On reprochait aux gants parfumés d'Espagne de sentir trop fort. Nos dames en souffraient. Les Espagnoles et les Italiennes, s'il faut en croire un assez grand nombre de voyageurs, ont toujours usé des odeurs avec une certaine indiscrétion. Les parfums les plus employés en France, comme partout, étaient le musc, l'ambre et la civette.
Les gants se portaient autrefois plus longs qu'aujourd'hui, surtout ceux des femmes. Le gant masculin avait un rebord qui couvrait parfaitement le poignet ; celui des dames montait jusqu'au coude. On se servait des mêmes peaux qui sont encore en usage, sauf que les gants en peau de buffle, de daim, de cerf, avaient alors beaucoup plus de débit : on les portait à la guerre, à la chasse, ou simplement quand on allait à cheval. Il y avait un gant de fauconnier, et que les griffes du faucon, en effet, ne pouvaient pas déchirer.
On faisait plus de gants d'étoffes, et avec une plus grande variété d'étoffes. Il y en avait de tissés en soie, en fleuret, en coton, en lin, en laine, en fil de chanvre, en poil de castor. Il y en avait en velours, en satin, en étamine, en drap, en simple toile. Ils étaient aussi plus ornés. On les brodait d'or, d'argent, de soie ; on les garnissait de rubans, de franges d'or, d'argent et de soie.
Je ne sais quand on commença à confectionner des gants de canepin, dits aussi gants en cuir de poule. Il s'en faisait assez autrefois pour l'usage des femmes durant l'été. Le prétendu cuir de poule n'était que de la peau de chevreau, ou plutôt c'était seulement l'épiderme de la peau du chevreau. Enlever cet épiderme constituait une opération assez délicate, qu'on ne réussissait qu'à Paris et à Rome. Il y avait de ces gants en canepin si minces que la paire tenait dans une coquille de noix.
Le portrait ci-contre est celui de Jean Chabert, parfumeur à Lyon au dix-septième siècle. Il est ici représenté d'après une gravure qui formait, sans doute, le frontispice d'un livre publié par lui sur le métier, disons, pour ne pas fâcher son ombre, sur l'art de la parfumerie. Au-dessous de la gravure, on lit cette réclame :
AU JARDIN DE PROVENCEChez Jean Chabert, marchand parfumeur,se font et vendent toutes sortesde cires d'Espagne, essences, parfums,savonnettes, et rossolis de Turin,sur les Terreaux, à Lyon.
Ces quelques lignes sont d'autant plus précieuses que le livre de Jean Chabert, si livre il y a, nous fait défaut. Elles prouvent qu'à Lyon et à Paris l'industrie des parfumeurs, sous le même nom, n'était pas du tout la même.
Jean Chabert, parfumeur à Lyonau XVIIe siècle. Dessin de Bocourt,d'après une estampe du temps.
Ils étaient en possession de vendre, à Lyon, des objets qui à Paris leur étaient formellement interdits : le rossolis, par exemple, « ainsi nommé d'une plante qui porte ce nom et qui entrait autrefois dans sa composition ; cette liqueur est à présent composée d'eau-de-vie brûlée, de sucre et de cannelle, et de quelques parfums. Le meilleur rossolis vient de Turin, mais il y en a beaucoup de contrefait et falsifié ; il n'y entre plus de cette plante qui lui a donné son nom. » Mme de Montespan avait la passion du rossolis. Jean Chabert se fût fait à Paris, s'il y eût transporté son commerce, de graves affaires avec les limonadiers, qui avaient le privilège de vendre les liqueurs.
En revanche, il ne paraît pas que les parfumeurs de Lyon vendissent des gants, du moins cet objet n'était pas essentiel dans leur commerce, comme à Paris au dix-septième siècle.

Quelques pistes à explorer pour bien mixer

Le plus simple : une eau de Cologne + une eau de toilette ou de parfum.

Ephémère et légère par définition, l’eau de Cologne apportera (au plus) une touche de fraîcheur supplémentaire à votre sillage sans trop interférer sur les accords principaux de la fragrance. Un B. A. BA (presque) sans risque qui fonctionne avec la plupart des eaux fraîches, toniques et autres splashs.

Plus subtil mais pas plus difficile : appliquez une crème ou une huile parfumée pour le corps avant votre parfum en spray pour créer un effet de relief olfactif. Si vous n’êtes pas très sûres de vous, choisissez une formule corps avec une note dominante simple pour ne pas provoquer d’interférences. Exemples : une note ambrée ou épicée + un parfum de type oriental, une note monoï, fleur d’oranger ou frangipanier + un floral blanc, une note boisée ou patchouli + un parfum chypré etc.

Plus expert : Mariez des fragrances à dominantes complémentaires pour renforcer les facettes que vous préférez. Cela suppose une bonne connaissance des parfums que vous manipulez, car vous devez d’abord repérer ces dominantes (ingrédients : fleurs, bois, épices, fruits, ou accords majeurs : oriental, floral, chypre, etc.) et évaluer l’intensité respective des fragrances pour que la superposition soit subtile. D’une manière générale, on obtient un meilleur résultat en associant des concentrations très différentes : une version légère (eau de toilette) + un extrait (parfum ou eau de parfum).

Enfin, pour les plus audacieuses, une technique suggérée par un parfumeur de renom : jouer avec des fragrances différentes (mais qui s’accordent harmonieusement entre elles, of course) sur des parties distinctes du corps. Exemples : un chypre appliqué au niveau de la nuque et au creux des coudes + un soliflore rose dans le décolleté. Ou un floral voluptueux + un boisé frais féminin… Nous laissons à votre imagination le soin d’inventer une géographie corporelle probante pour cet exercice !

LES VIBRATIONS EPICEES - un des livres du parfumeur

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